Mercredi 26 février : Latifa Ibn Ziaten, était notre invitée ce matin.

Une leçon d’humanité et d’espoir .

Dans la belle salle du centre culturel Desouches, un silence impressionnant s’est installé dès les premières images du film que nous projetions avant la conférence, « Latifa Ibn Ziaten, une femme dans la République ». Un silence non pas d’indifférence, mais de respect, d’écoute et d’émotion pure. Pendant près de deux heures, nos lycéens ont été suspendus aux mots de cette femme au courage exceptionnel, venue témoigner de son histoire et transmettre un message d’espoir, de paix, de tolérance et de fraternité, et rappeler l’importance des valeurs républicaines.

Latifa Ibn Ziaten n’est pas une conférencière ordinaire. C’est une maman, une combattante, une voix qui refuse de se taire. Depuis l’assassinat de son fils, Imad, par Mohamed Merah en 2012, elle a transformé sa douleur en un combat inlassable contre la haine et le repli sur soi. À travers son association, Imad pour la jeunesse et la paix », elle sillonne la France pour sensibiliser les jeunes aux dangers de la radicalisation, du rejet de l’autre et de l’intolérance. Elle porte en elle une mission : celle de bâtir des ponts entre les communautés, de tendre la main à ceux qui se sentent perdus et de leur montrer une autre voie, celle du dialogue et du respect.

Ce matin, elle a parlé avec son cœur. Son récit a bouleversé l’assemblée, son regard droit et sincère a touché chacun en plein cœur. Dans le film, elle raconte son parcours, sa douleur, mais aussi son engagement sans faille. Le film dure une heure, et c’est long pour nos jeunes, une heure. Pourtant, lorsqu’on a rallumé la lumière dans la salle et que j’ai annoncé sa présence, ils l’ont applaudie.

Elle a exhorté ces jeunes issus de milieux défavorisés, élèves en lycée pro, à croire en eux, à ne pas céder à la violence ni au fatalisme. « Ne laissez personne vous voler votre avenir ! », a-t-elle martelé avec une force inouïe.

Face à elle, les élèves, d’abord timides, ont peu à peu pris la parole. Certains ont posé des questions pour échanger avec elle, d’autres ont attendu la fin de l’échange pour venir la voir, et partager avec elle leurs propres doutes, leurs propres blessures. Tous ont été touchés par cette femme qui, malgré la tragédie, incarne l’espoir et la dignité.

En quittant la salle, chacun semblait transformé, habité par une réflexion nouvelle. Ce matin, plus qu’un témoignage, nous avons reçu une véritable leçon d’humanité, et j’en suis toute bouleversée, car je lutte chaque jour aux côtés de ces jeunes, avec mes pauvres outils de prof d’hist-geo-EMC et français… Latifa Ibn Ziaten a prouvé, une fois encore, que la douleur peut devenir un moteur, et que l’amour et la transmission sont les plus puissantes armes contre la haine : les valeurs de la République (dont la laïcité), la tolérance, l’entraide, l’écoute des jeunes, et le dialogue plutôt que la haine et la violence, la force du travail, autant d’outils pour (re)construire cette société, ce monde que nous léguons sans scrupule à cette génération désespérée et perdue.

Merci à Mme Ibn Ziaten, donc, et à Mme Marftin-Fillon qui m’a aidée à mettre en place cet événement. Toutes ces petites graines qui ont été semées ce matin, vont germer dans les têtes de nos jeunes… un petit pas vers un avenir plus bienveillant, peut-être ?

Mme Claire PANIER-ALIX

Professeur Lettres-Histoire

LP Philibert de l’Orme, Lucé